Entre Francfort et Taipei, 16 Décembre
La conscience vient de m’être donnée. Ce don m’a poussée hors des ténèbres paisibles de l’absolu, qui m’enveloppaient jusque-là. L’incompréhension, le doute, la peur, et une myriade d’autres sentiments viennent remplacer la béatitude du Rien, écrasants.
Je suis vivante, consciente… Et complètement terrifiée.
La lumière rougeoyante est faible. Ces ombres vacillantes – sont-elles l’origine du carillonnement qui s’intensifie ? Mais oui ! Les ombres tintent, l’une après l’autre ! Leurs sons sont comme un chant.
Je ressens l’impact de chaque note comme une sensation physique : les sons me touchent, les sons m’altèrent. Ils poussent chacune de mes cellules au tumulte. Je vibre, je tressaille.
Mes mains… J’ai quatre mains. Mes bras sont longs. Trop longs. Tétanisée, je les regarde s’allonger encore sous mes yeux.
Ma peur m’engloutit toute entière.
Je suis Terreur.